Une soeur religieuse dans le service de soins

Une soeur religieuse dans le service de soins


Regards sur Bethléem, no 74 - Entretien

Soeur Aleya comprend l'inquiétude des mères qui accompagnent leurs enfants malades et se tient à leurs côtés.
Photo : © Andreh Ghawaly

Depuis de nombreuses années, les religieuses apportent une contribution constante au service de soins de l’Hôpital de l’Enfance Bethléem. Aujourd’hui, quatre religieuses indiennes des Suore di Carità travaillent dans l’hôpital pédiatrique. Soeur Aleya Kattakayam a une formation et une longue expérience dans les soins aux mères et aux nouveau-nés.

Interview de Richard Asbeck

Bonjour, Soeur Aleya Kattakayam. Comment allez-vous ?

Bien, mais peut-être un peu fatiguée. Je reviens justement de Jérusalem où j’ai eu la chance de passer toute la nuit dans l’église du Saint-Sépulcre, de neuf heures du soir à six heures ce matin, avec un groupe de soeurs.

Vous y allez souvent ?

Une nuit entière à prier dans l’église du Saint-Sépulcre a été une expérience unique pour moi. Mais en tant qu’étrangère, je suis privilégiée. En général, je passe les contrôles aux frontières sans problème. La plupart de mes collègues de Palestine ne peuvent pas en dire autant. Certaines n’ont jamais vu l’église du Saint-Sépulcre ni d’autres lieux saints de Jérusalem qui, pourtant, ne sont qu’à un jet de pierre de chez nous à Bethléem.

Pouvez-vous nous décrire brièvement votre parcours jusqu’à Bethléem ?

« Brièvement » est difficile, mais je peux dire que je viens du Kerala, en Inde. Après l’école, j’ai rejoint un ordre chrétien, les Suore di Carità, à Hyderabad, dans l’Etat d’Andhra Pradesh. J’ai fait partie du premier groupe de formation de l’école d’infirmières de notre communauté religieuse. Cette formation m’a menée dans de nombreux hôpitaux, en Inde, à Milan, puis à Nazareth et enfin à Bethléem.

Quelle fonction et quel rôle avez-vous à l’Hôpital de l’Enfance Bethléem ?

Au total, nous sommes quatre religieuses indiennes à servir à l’hôpital pédiatrique. Je suis la seule à travailler dans le service pour les mères où celles-ci trouvent de l’aide pendant que leurs enfants sont soignés à l’hôpital. Elles sont nombreuses à avoir besoin de repos tout en souhaitant rester à leur chevet. Ce service est précieux car il permet aux mères et à leurs enfants de se voir autant qu’ils le souhaitent. Nous proposons aussi des exposés, des présentations pratiques et des discussions en groupe pour leur montrer ce qui compte le plus lors qu’elles prennent soin de leurs enfants.

La plupart des familles sont de confession musulmane. Comment réagissent les parents lorsqu’ils rencontrent une religieuse chrétienne venue d’Inde ?

C’est un peu compliqué à expliquer. La plupart ne savent pas ce qu’est une religieuse et se demandent pourquoi je ne suis pas mariée et pourquoi je n’ai pas d’enfants. Je leur réponds toujours : « Vous avez quelques enfants, tandis que moi, j’en ai toute une multitude ! » Très vite les parents sentent que mes consoeurs et moi sommes là pour eux. La chaleur humaine, la compassion, une main réconfortante sur l’épaule leur font du bien. Et lorsque nous faisons l’éloge de leurs enfants, ils sont évidemment fiers.

Qu’est-ce qui a changé pour vous depuis le début de la guerre à Gaza ?

Comme je l’ai dit, je suis peu concernée sur le plan personnel, même si le sort des autres m’affecte beaucoup. Je suis le témoin direct de la souffrance du pays et de sa population, ici aussi en Cisjordanie. De nombreuses familles ont perdu leur travail et leurs revenus. Et personne ne voit d’amélioration à l’horizon.

Quel espoir placez-vous dans le nouveau pape ?

Tout le monde est conscient de ce qui se passe actuellement en Palestine. L’ampleur de la guerre et de la violence est connue et perçue partout.

 

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