Un ingénieur construit pour sa ville

Un ingénieur construit pour sa ville


Regards sur Bethléem, no 75 - Entretien

Dirige la construction de la chirurgie ambulatoire : l’ingénieur Ibrahim Abed Rabbo.
Photo : © Elias Halabi

Il travaille à l’extension de l’Hôpital de l’Enfance Bethléem afin que les enfants puissent bientôt être opérés. Pour l’ingénieur Ibrahim Abed Rabbo de l’entreprise de construction, diriger le projet de centre chirurgical de jour est plus qu’un simple travail : c’est un bienfait pour tous les enfants de sa ville. Y compris sa propre fille.

Une interview de Shireen Khamis.

Vous dites de vous que vous êtes « un fils de Bethléem ». Qu’est-ce que cela signifie pour votre travail à l’Hôpital de l’Enfance Bethléem ?

L’hôpital pédiatrique et son engagement pour la santé des enfants en Palestine sont très importants pour moi. Depuis mon enfance, je connais sa bonne réputation. C’est un vrai rêve de faire partie de l’équipe aujourd’hui.

Comment en êtes-vous arrivé à travailler ici ?

Par une annonce d’emploi. J’ai postulé dans le cadre d’une procédure de sélection compétitive et j’ai pu prendre mes fonctions en août 2024, en pleins préparatifs des travaux de construction.

Que signifie ce projet pour vous personnellement ?

En tant que père et oncle, je constate chaque jour l’importance d’une médecine fiable. Quand ma fille ou les autres enfants de la famille sont malades, nous allons toujours à l’Hôpital de l’Enfance Bethléem. Mais jusqu’à présent, il n’y avait pas de chirurgie. Le fait qu’il sera bientôt possible d’opérer ici me remplit vraiment de joie. C’est bon pour tous les enfants et, bien sûr, pour ma fille.

Et quelle est l’importance de ce projet pour votre carrière professionnelle ?

C’est le plus grand chantier en cours de Bethléem. Ce n’est pas mal pour mon parcours professionnel, car cela me fait connaître. Mais ce qui me tient encore plus à coeur, c’est ce que l’hôpital représente pour la société. C’est vraiment une aide pour les enfants et leurs familles – et peut-être même bientôt pour les gens de Gaza. J’en tire une réelle fierté.

Comment voyez-vous la situation actuelle en Cisjordanie ?

Je suis vraiment reconnaissant d’avoir du travail en cette période difficile. On ne trouve pas toujours d’emploi ici et les prix ne cessent d’augmenter. J’ai aussi la chance de vivre à Bethléem. Mes collègues d’Hébron me font souvent de la peine : il leur faut parfois des heures pour arriver ici à cause des checkpoints et des détours. Quand je les vois arriver fatigués et épuisés, cela me remue beaucoup.

Quelles sont vos attentes pour la dernière phase du projet ?

La dernière phase ressemble au dernier moment avant un accouchement : c’est épuisant, tout doit être parfait, les détails doivent être au point et les entreprises doivent collaborer au mieux. Mais la joie l’emporte. Au final, il en résulte quelque chose de grand, qui apporte de l’espoir à tout le monde. En cette période de Noël, c’est une véritable bonne nouvelle.

 

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